Total : démêler le vrai du faux

TotalMent : le vrai du faux

Plusieurs allégations sur TotalEnergies reviennent régulièrement dans les débats.

Les auditions de la commission d’enquête ont ainsi permis de déconstruire certains mythes à propos de la major pétro-gazière.

 

1. “Total ne ferait que répondre à la demande

Faux

👉 Total entretient le marché de l’offre et de la demande, la première ayant une influence sur la seconde. A travers son lobbying intense pour faire avorter les propositions de régulations, telle qu’une taxe sur les investissements vers les énergies fossiles, Total participe à la création de la demande.

TotalEnergies, grâce à l'offre et à la demande, a une capacité à faire perdurer ses débouchés ; elle a intérêt à ce que les instruments des politiques publiques aillent en ce sens. Il est facile de constater la demande et d'appeler à y répondre lorsque l'on est intervenu au préalable pour éviter l'instauration d'une taxe carbone, par exemple. De fait, c'est un problème insoluble”.

Pierre-Louis Choquet, audition du 1er février 2024

 

2. “Si Total se désengage du secteur des énergies fossiles d’autres entreprises prendront sa place

Faux

👉 Cet argument de la substitution est un argument fallacieux utilisé par les multinationales et les Etats dans les contentieux climatiques. Il avait notamment été invoqué par l’entreprise Shell dans le contentieux qui opposait la multinationale à l’ONG Milieudefensie.

Cette dernière a obtenu gain de cause, le juge néerlandais ordonnant à l’entreprise de cesser ses activités les plus polluantes et de respecter une trajectoire de décarbonation. Dans ce jugement, la défense de la substitution parfaite a été rejetée. Le tribunal de La Haye a souligné le manque de preuves à l'appui de l'hypothèse d'un “marché déterminé par la demande".

Interpellée par le sénateur Philippe Folliot, sur la question de savoir “si d'autres compagnies ne profiteraient pas des parts de marché laissées disponibles en cas d'abandon de certains secteurs par TotalEnergies”, Valérie Masson-Delmotte a ainsi répondu :

Dans la littérature scientifique, on appelle cela l'argument du dealer de drogue, lequel justifie de « tenir un point » en arguant qu'à défaut, d'autres l'occuperaient. Cela pose des questions éthiques relatives aux choix de financement et d'investissement, qui impliquent de chercher des débouchés, d'augmenter la demande et d'obtenir un retour sur investissement”.

Valérie Masson-Delmotte - Audition du 29 janvier 2024

 

3. “Total investit massivement dans les énergies renouvelables et est un acteur majeur de la transition énergétique

Faux

👉 Total fait partie des entreprises pétrolières qui consacrent moins de 2% de leurs investissements dans les énergies renouvelables. Alors que la multinationale s’affiche comme une entreprise en transition, Lucie Pinson a rappelé lors de son audition que Total n’était pas en transition : “Pour rappel, l'entreprise ne prévoit de baisser ses émissions de scope 3, celles qui représentent 90% des émissions totales, de uniquement 2,5% entre 2015 et 2030”. Contrairement à certains de ses concurrents, comme BP ou Equinor, qui entendent réduire leur production d’hydrocarbure, Total compte “au contraire l’augmenter de 2 à 3% par an jusqu’en 2028”.

Valérie Masson-Delmotte a ajouté lors de son audition :

J'ai été frappée de voir à la gare de Bruxelles, il y a quelques mois, que les murs étaient tapissés de publicités pour TotalEnergies sur lesquelles on ne voyait que des éoliennes et des panneaux solaires. Il y a donc une incohérence entre l'image que renvoie ce groupe, celle d'un acteur qui investit massivement dans les énergies renouvelables, et la réalité de ses investissements dans le pétrole et le gaz fossiles, le gaz naturel liquéfié (GNL), entre autres, ce qui est trompeur pour les particuliers comme pour les investisseurs. Il convient donc de s'intéresser à ces questions de publicité et de communication”.

Valérie Masson-Delmotte - Audition du 29 janvier 2024

Ces questions de publicité mensongère font d’ailleurs l’objet d’un contentieux opposant Notre Affaire à Tous, les Amis de la Terre et Greenpeace contre TotalEnergies, assignée en justice pour pratiques commerciales trompeuses. Ce recours vise trois types d’allégations promues par la major pétro-gazière dans ses publicités concernant sa prétendue stratégie “net zéro” 2050 ainsi que les propriétés climatiques du gaz et des agrocarburants, vantés comme énergies de transition alors que fortement émetteurs de gaz à effet de serre. Après des manœuvres dilatoires de Total pour tenter de retarder les débats sur le fond, la cour d’appel a récemment donné raison aux associations, les estimant recevables et ouvrant ainsi la voie aux débats de fond sur la publicité mensongère et le greenwashing de TotalEnergies.


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